Twitter est un outil de communication, mais il tient plus du couteau suisse que de la clé de douze : il vous apporte avant tout ce que vous lui demandez, à condition que vous ne le preniez pas pour la lampe d’Aladin façon 2.0 et que vous en usiez avec un minimum de suite dans les idées.

J’ai récemment entendu un professionnel du web faire part de son ressentiment contre ceux qui incitent toutes les catégories socio-professionnelles à être présentes sur Internet via les réseaux sociaux :

« Enfin, s’insurgeait-il, à quoi cela sert-il de proposer à un peintre en bâtiment d’aller sur Twitter ? »

Je n’ai sur le moment pas réagi à cette interrogation rhétorique qui semble au premier abord frappée du bon sens : qu’est-ce que l’exercice du métier de peintre en bâtiment peut avoir à faire avec Twitter ? A quel particulier cela viendrait-il à l’idée de faire une recherche sur Twitter avant de refaire sa façade – et par voie de conséquence qu’irait y faire le peintre en question ?

Cette question peut être posée pour nombre d’entreprises dont l’activité n’a rien ou pas grand chose à voir avec Internet. Pour autant, la balayer ainsi du revers de la main me paraît être au mieux une facilité, et au pire une méconnaissance de Twitter.

Au risque donc de faire de l’archétype du peintre en bâtiment sur Twitter l’héritier tardif du plombier polonais en Europe, je vais me risquer non à prouver que Twitter est fait sur mesure pour cette activité professionnelle, mais plutôt à expliquer que l’exercice stratégique de la peinture en bâtiment peut aussi s’appuyer sur Twitter.

Twitter, un outil personnalisable

Twitter est un outil aux multiples fonctionnalités. Pour mieux vous faire comprendre ce que cela signifie, je vais m’appuyer sur un exemple des plus concrets : la voiture.

La voiture est un véhicule. Par définition, sa vocation première est donc de vous amener d’un point A à un point B.  Pour autant, son usage ne se limite pas à cela, loin s’en faut : certains usent de la voiture comme d’un faire-valoir personnel, et lui délèguent une partie de leur image. D’autres les collectionnent sans jamais s’en servir. D’autres la renouvellent tous les six mois. D’autres y passent plus de temps que dans leur propre maison, et l’aménagent en conséquence.

Il en est de même pour Twitter : certains s’y trouvent par mimétisme. D’autres n’y voient qu’un seul intérêt, celui de gonfler le nombre de leur followers. D’autres y viennent pour avoir des informations qu’ils ne trouveraient pas ailleurs. C’est à chacun, en fonction des contraintes de son activité professionnelle, de considérer l’intérêt qu’il peut avoir à se servir de Twitter, et à s’en approprier l’usage dans le cadre d’une stratégie sur-mesure.

Renoncer à Twitter parce que son activité professionnelle n’a rien à voir avec Internet a priori, c’est donc aussi absurde que d’acheter une voiture allemande parce que l’on va s’en servir en France. Ce n’est pas ce qu’est l’outil qui compte, c’est ce qu’il est susceptible de vous apporter demain dans votre activité quotidienne. En voici quelques exemples adaptés aux problématiques des dirigeants de TPE et PME.

Quelle est la vocation première de Twitter ?

Twitter a été créé par Jack Dorsey, Evan Williams et Biz Stone en 2006. Leur but premier était de créer un service SMS en ligne (short message service), chacun d’un maximum de 140 caractères. De fait, et logiquement, le premier slogan de Twitter était “What are you doing ?“, c’est-à-dire “Que faites-vous?“.

Assez vite, au vu des multiples possibilités d’exploitation que leur outil mettait à jour, ce slogan s’avéra trop réducteur, et surtout trop centré sur l’utilisateur en tant que personne. Les fondateurs le firent donc évoluer vers une problématique d’information plus ouverte, et cela devint : “What’s happening ?“, c’est-à-dire “Que se passe-t-il ?“.

Contrairement à Facebook, qui reste avant tout ancré dans une démarche d’identité propre et d’information des autres à propos de soi, Twitter est ainsi un réseau où l’on partage des informations sur des sujets à propos desquels on choisit de devenir curieux. Twitter est un repère d’experts en curiosité ciblée.

Mieux connaître le tissu économique local

Revenons à notre peintre en bâtiment : imaginons-le curieux, dynamique et ambitieux. Imaginons de plus qu’il vient, pour des raisons qui ne nous regardent pas,  d’aménager dans un secteur qu’il ne connaît pas, ou peu. Twitter devient alors un excellent moyen pour lui de mieux connaître le tissu économique dans lequel il doit développer son activité. Certes, un tweet ne remplacera jamais une poignée de main les yeux dans les yeux – mais il en prolongera certainement l’effet social.

Sachez-le, vos institutions publiques sont sur Twitter : les conseils généraux, les régions, les CCI, et de plus en plus de maires et députés ont leur compte actif sur Twitter, et vous avez là un moyen à la fois convivial et informel d’entrer en contact avec eux et de leur poser des questions précises.

Sur Twitter vous pourrez aussi facilement suivre l’actualité de vos concurrents. Il n’y sont pas ? Cela signifie alors que vous allez pouvoir occuper le terrain, et devenir auprès de vos followers le référent unique dans votre secteur d’activité.

Vous rencontrerez aussi au fil de vos séances (quotidiennes) de tweet vos partenaires et fournisseurs, ainsi que nombre de vos clients, avec qui vous établirez ainsi une autre forme de contact. En règle générale, Twitter permet toujours de consolider puis d’étendre son réseau professionnel, dans un premier temps déjà sur Internet, puis ensuite, en fonction de votre capacité d’initiative, dans la vie réelle – ce que les anglo-saxons nomment IRL, In Real Life.

Représenter et promouvoir son entreprise

Bien sûr, Twitter présente aussi la possibilité de promouvoir son entreprise : la façon dont vous allez remplir votre profil va être déterminante, de même que le site vers lequel ce même profil renverra. Si un utilisateur de Twitter tombe suite à une recherche sur l’un de vos tweets particulièrement pertinent à ses yeux, non seulement il le retweetera – c’est-à-dire qu’il le renverra à tous ses followers -, mais il prendra aussi le temps de regarder qui vous êtes, quelle est votre entreprise et comment vous la présentez sur votre site. C’est ce que l’on nomme la fonction virale de Twitter : un tweet lancé par une personne peut très vite faire le tour de la planète pour par le jeu du retweet.

Or chaque chef d’entreprise est à la fois un expert dans son domaine et, la plupart du temps (pour les entreprises qui survivent), un bon connaisseur de son secteur, tant géographique que professionnel. Il a donc forcément des choses à dire à ces propos, dont la pertinence trouvera sur Twitter un écho certain à moyen terme en matière de renommée pour son entreprise.

Mieux référencer son site

Autre aspect, plus technique mais non moins intéressant : Twitter est un excellent outil de référencement. En faisant apparaître l’url de votre site d’entreprise dans votre profil Twitter, vous en accroîtrez le trafic. Si en plus vous disposez d’un blog régulièrement mis à jour, et que vous relayez ses billets sur Twitter, le bénéfice en terme de trafic deviendra exponentiel. Nous rentrons là dans ce que l’on nomme les problématiques de SMO, ou référencement social.

Relai actif d’information vs spectateur passif

Enfin, être sur Twitter, c’est avoir la possibilité de devenir un maillon actif de la chaîne d’information dont nous dépendons tous. Vous choisissez les personnes que vous suivez en fonction de vos centres d’intérêt ; vous choisissez de tweeter ou non ; vous choisissez de relayer à vos propres abonnés telle ou telle information plutôt qu’une autre.

Cela suppose bien entendu une vraie ambition, qui se concrétise par un minimum de discipline : il sera peut être effectivement plus difficile pour un peintre en bâtiment d’être régulièrement sur Twitter qu’à un cadre supérieur qui passe 10 heures par jour sur son ordinateur, c’est certain. Mais il s’agit là d’un problème d’organisation, et non d’une caractéristique propre à l’interface. Twitter reste un outil, conçu avant tout pour refléter à la face d’un public ciblé l’expertise du plus grand nombre, quelle qu’en soit la nature. A vous de décider d’en user ou non.

Article publié dans Le Cercle Les Echos

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