Vous les croisez régulièrement dans votre timeline Twitter : eux, ce sont les utilisateurs de Twitter qui ont synchronisé leur profil Twitter avec leur compte Facebook, de façon à ce que leurs publications sur Facebook soient tweetées en temps réel. Voici 3 raisons de ne pas rejoindre leur clan.
1. Twitter et Facebook, deux réseaux sociaux clairement distincts
La première raison généralement invoquée par les synchroniseurs de Twitter et Facebook est le gain de temps : en postant simultanément sur les deux réseaux sociaux, ils y affirment leur présence et leur éventuel sens de l’à propos sans avoir à répéter une manœuvre que l’on imagine fastidieuse, vu le choix retenu.
Ce choix serait possiblement judicieux si Twitter et Facebook étaient des frères jumeaux, voire même des faux jumeaux – mais c’est loin d’être le cas. Facebook est un réseau social plutôt autocentré, qu’on l’utilise à titre privé ou professionnel d’ailleurs. Sur Facebook, vous allez en priorité vous adresser à un cercle déjà conquis, par définition déjà intéressé par votre personne ou votre activité, sans quoi vous ne seriez pas connecté avec lui. Vos amis ou abonnés s’attendent certes à ce que vous les séduisiez au quotidien, mais le fait que vous parliez avant tout de vous-même ou de l’actualité de votre entreprise ne choquera personne.
Sur Twitter, au contraire, votre reconnaissance se construira au travers de la pertinence des informations que vous adressez à vos followers en fonction de vos centres d’intérêt communs via lesquels ils vous ont repéré, que ce soit par le biais des hashtags de vos tweets ou plus simplement via votre biographie. C’est parce que vous deviendrez une source d’information pertinente dans leurs domaines de prédilection que vos followers vous considéreront. Dans le cadre d’une veille professionnelle, tweeter est avant tout un acte de générosité intellectuelle.
Fusionner de force ces deux réseaux sociaux au sein d’une ligne éditoriale unique revient ainsi à tenter de dévisser un écrou avec un tournevis plutôt qu’avec une clé à mollette : ce n’est pas parce que les deux outils se côtoient souvent dans la même boite à outils qu’ils sont interchangeables.
2. Tweet tronqué = crédibilité écornée
Au-delà de la méconnaissance des outils eux-mêmes se pose la question de la forme d’un tweet issu d’une synchronisation intempestive. Du fait de contraintes de publication fort éloignées d’un réseau social à l’autre (140 caractères pour un tweet, contenu presque illimité pour un post Facebook), un post Facebook est généralement publié sur Twitter sous une forme tronquée.
S’il ne s’agit « que d’un tweet », ce tweet reste parfois la seule connaissance que vos followers ont de votre existence. Dans un cadre privé, cela ne pose qu’un problème mineur. Dans un cadre professionnel, le signal reçu est plus important : c’est parfois au travers de ce tweet que les internautes que vous aviez su attirer à vous jusque là jugeront votre crédibilité professionnelle. Sauront-ils passer au-delà des apparences, et décider que vous êtes meilleur dans l’exercice de votre profession que dans celui d’en parler sur Twitter ? Rien n’est moins sûr. Tous ceux qui ont déjà passé un entretien d’embauche ou mené une négociation commerciale pourront vous expliquer à quel point, dans ce moment crucial, le fond a besoin de la forme pour convaincre.
3. L’approbation de Jean-Michel Amoitié a peu de valeur en communication web
Si l’on devait imager sous une forme humoristique la démarche qui consiste à accepter de publier des tweets tronqués dans le cadre d’une communication professionnelle, c’est vers Kad Mérad qu’il faudrait se tourner : dans sa compilation des chanteurs inconnus il met en scène un certain Jean-Michel Amoitié qui ne chante que la moitié des paroles de ses chansons. Gageons que si Jean-Michel Amoitié gazouillait sur Twitter, la ressemblance de ses tweets avec un compte synchronisé serait frappante.
Conclusion
Notre approche détendue de ce sujet ne doit pas masquer les enjeux très sérieux qu’il recouvre pour tous les professionnels qui communiquent sur Internet : votre maîtrise des outils réseaux sociaux et la cohérence de votre stratégie sont primordiales pour la construction d’une identité numérique crédible. Vos posts et tweets sont souvent la première information qui parvient à vos prospects à votre propos – c’est d’ailleurs leur rôle – et si vous sabordez cette étape, c’est l’ensemble de votre travail sur Internet que vous pénalisez.