Le grand O (ou grand oral) fait et a fait frissonner des générations entières d’étudiants d’Instituts d’Etudes Politiques (IEP). Examen symbolique de l’école destiné à valider la culture générale de l’étudiant, il est aussi un exercice oral qui peut s’avérer plus ou moins difficile selon le caractère des candidats.

Un exercice aussi ancien que l’école

Sciences Po Paris est le premier des Instituts d’Etudes Politiques, créé en 1945, succédant à l’Ecole Libre des Sciences Politiques. En 1940, ladite école avait déjà mis en place un examen oral, précurseur du grand oral, à la fin d’un cursus qui est alors de trois années.

A partir de 1945, après celui de Paris, sont créés l’IEP de Strasbourg, puis Bordeaux, Grenoble, Lyon et Toulouse en 1948, Aix-en-Provence en 1956 puis Rennes et Lille en 1991. Et sous peu la petite communauté des IEP passera bientôt de 9 à 10 membres avec l’ouverture d’un petit dernier à Saint-Germain-en-Laye prévu pour septembre 2014. Toutes les écoles fonctionnent selon un cursus similaire : premières années plutôt généralistes, séjour à l’étranger, et enfin le fameux grand oral en milieu ou fin de cursus.

Une épreuve de culture générale, mais aussi d’expression orale

Se déroulant en troisième année pour les uns, en quatrième pour les autres, l’examen du grand oral suit à peu près le même schéma dans toutes les écoles :

  1. découverte d’un sujet,
  2. trente minutes pour le préparer,
  3. dix minutes de passage où l’on présente sa réflexion de manière construite et argumentée,
  4. dix minutes d’entretien avec un jury composé de professeurs.

Une exception est toutefois à noter pour Sciences Po Paris qui depuis peu a modifié les conditions de fonctionnement : le grand oral se déroule désormais à partir un sujet donné six semaines à l’avance, et doit donc faire l’objet d’une plus grande préparation accompagnée d’une note d’entretien de quatre pages.

Face à un jury de trois personnes, l’exercice a de quoi intimider les plus aguerris. Par ailleurs, les oraux sont ouverts au public. Les sujets sont multiples et variés : de Mitterrand à l’intercommunalité en passant par l’histoire des impôts, il faut avoir quelque chose à dire et surtout savoir défendre sa réflexion ! Le grand O représente ainsi un « mélange d’excellence et de superficialité » selon le politologue Alain Garrigou. Régulièrement décrié car considéré comme un exercice archaïque, il résiste néanmoins aux critiques en se présentant comme une tradition et une légitimité pour la préparation à l’ENA. Il faut effectivement posséder une solide culture générale pour faire face à n’importe quel sujet, mais surtout prouver que l’on est parfaitement à l’aise à l’oral.

Ainsi, un étudiant très cultivé mais incapable de bien communiquer ses idées peut se retrouver pénalisé par comparaison à un autre disposant de moins de connaissance mais de plus de facilité à transmettre son plan. C’est toujours plus agréable pour le jury d’écouter quelqu’un sûr de lui à la voix posée et c’est surtout plus convaincant !

Ainsi, des règles de base à utiliser dans n’importe quel exercice de prise de parole en public doivent être appliquées le jour de l’oral : être poli avec le jury, savoir sourire, contrôler le timbre et le débit de sa voix font partie des pré-requis pour un oral réussi. Bien se tenir, regarder le jury, montrer un minimum d’enthousiasme ou du moins d’intérêt pour les sujets donnés peuvent également rapporter plus de points qu’on ne le pense spontanément.

Indispensable, le Grand O ?

Si l’on a échoué au Grand O, pas de panique, le cursus n’est pas fichu pour autant ! Il y a toujours une deuxième chance au rattrapage, et au pire, la note finale du Grand O reste dans la plupart des écoles d’un faible coefficient par rapport au reste. A Sciences Po Paris, il ne compte ainsi que pour dix ECTS, alors qu’il en faut soixante pour avoir son année. Le Grand O est donc un passage obligé mais il reste toujours possible d’avoir son diplôme sans y avoir brillé !

In fine, le Grand O de Sciences Po nécessite une solide culture générale, une profonde capacité réflexive mais aussi une bonne maitrise de l’oral. Le Grand O ne se prépare pas qu’avec des fiches et du bachotage, il nécessite comme tout exposé de s’entraîner régulièrement à l’oral.